La Chevalerie

La chevalerie est un statut honorable, à la fois martial et religieux. Il se limite aux hommes, mais pas seulement aux nobles, car il est possible pour un roturier de devenir chevalier. Un homme devient chevalier grâce à ses mérites et non par sa naissance, et même les bâtards peuvent être adoubés. Les chevaliers savent manier les armes, se montrent courtois et honorables, propres et gracieux, élégants et endurants, et on fait précéder leur nom du titre « Ser ».

Du moins, telle est la théorie. En pratique, il en va bien sûr différemment, surtout dans la mesure où certains chevaliers ne parviennent pas à incarner ces idéaux, bien qu’il ne faille pas affirmer que l’institution toute entière soit en pleine décadence morale. Naturellement, certains chevaliers représentent un véritable affront aux valeurs éthiques de leur ordre : Certains ne sont que simplement de puissants guerriers. En réalité, le talent martial est l’aspect le plus important de la chevalerie. Tous les chevaliers ont une certaine compétence au combat, et un noble qui n’a ni intérêt ni talent pour la guerre ne rechercherait pas à devenir chevalier, et n’aurait aucune chance d’y parvenir de toute façon. En principe, il n’est pas déshonorant pour un noble de ne pas devenir chevalier, bien que certaines familles aient des idées bien arrêtées quant au genre de fils qu’elles veulent avoir. La capacité martiale ne suffit pas à elle seule : les mercenaires ne peuvent pas devenir chevaliers en faisant simplement la demande.

L’aspect religieux a également son importance. Bien que la cérémonie d’adoubement puisse s’avérer très simple, elle est intimement liée à la Foi, impliquant au moins une invocation aux Sept. Une cérémonie standard comprends une veillée d’une nuit dans un septuaire, le chevalier étant vêtu d’habits simples, avant l’adoubement par un autre chevalier et l’onction par un septon. Le chevalier n’est pas obligé d’être extrêmement pieux, mais les hommes qui sont voués à d’autres religions, en particulier le culte des anciens dieux, deviennent rarement chevalier.

Toutefois, un homme de noble naissance, doté d’un certain talent pour les armes et prêt à prendre part aux cérémonies de la Foi peut devenir chevalier s’il le désire. Si n’importe quel chevalier peut en adouber un autre, il est plus prestigieux de l’être par un individu de statut important, le plus haut placé étant le roi. Un chevalier qui aurait accordé ce titre à des individus qui en sont de toute évidence indignes serait la risée de tous, et recevrait probablement des provocations en duel de la part de ses confrères plus regardants. Ce genre de bévue est donc rare. Si le candidat est de noble naissance, c’est essentiellement par ses prouesses martiales qu’il se distinguera mais, en ce qui concerne les roturiers, les critères sont bien plus exigeants. En réalité, quiconque accorde le statut de chevalier à un individu qui n’est pas noble ferait mieux de s’assurer que le candidat en question sera un réel atout dans les rangs de la chevalerie. Par conséquent, plus un chevalier est d’origine modeste, plus il a de chances de se comporter « comme un vrai chevalier », bien que certains nobles soient également des parangons de vertu chevaleresque.

Les autres conditions pour être chevalier sont relativement nébuleuses, mais on s’accorde sur les principes de base. Les chevaliers doivent se montrer braves et loyaux, et ne pas recourir à la perfidie au combat. Ils doivent défendre les faibles et les innocents, en particulier les jeunes, et se montrer respectueux envers toutes les femmes. Ils sont courtois avec chacun, ont des manières irréprochables et combattent à cheval, vêtus d’armures de métal. L’épée et la lance sont les armes classiques des chevaliers, mais on se montre plutôt souple sur ce point.

Certains ont une interprétation assez conciliante des autres critères. La « propreté » du chevalier peut se limiter à « prendre un bain par an, que j’en aie besoin ou non ». La loyauté, en particulier pour les chevaliers errants, est parfois fugace, ne durant que jusqu’à ce que l’issue de la bataille ne fasse plus aucun doute. La perfidie est une question d’opinion : ce qui passe pour de la perfidie pour certains sera considéré comme un coup de maître tactique par d’autres. La ligne qui sépare la couardise de la discrétion, ou la bravoure de l’inconscience suicidaire, est elle aussi matière à débat. Quant aux faibles et aux innocents, ils ne peuvent rien faire si vous les attaquez, et un nombre navrant de chevaliers en tirent profit. En ce qui concerne le respect pour les femmes, il se limite bien souvent aux femmes nobles ayant un époux, un père ou des frères chevaliers.

Mais quoi qu’il en soit, on appelle toujours les chevaliers « Ser ». Voilà au moins une constante.

Les chevaliers errants

Les chevaliers errants représentent le niveau le plus modeste de la chevalerie. On les appelle ainsi parce qu’ils ont tendance à voyager sans cesse aux côtés des camelots, des ménestrels errants et des montreurs d’ours. Bien d’autres chevaliers pensent que ces individus ne sont guère différents de leurs compagnons de voyage. Et bien des chevaliers errants le pensent également, mais ils voient les choses sous un angle différent.

Ce qui distingue un chevalier errant, c’est qu’il est pauvre (pour un chevalier). Ils possèdent un cheval et une armure de métal (même s’il ne s’agit que d’une cotte de mailles ou une brigandine) et une épée. Ces possessions suffisent à les définir comme aisé selon certains critères. Toutefois, comme ils ne peuvent pas vendre ces attributs, leur fortune est gelée, ce qui ne leur laisse pas énormément d’argent à dépenser en frivolités comme de la nourriture ou une chambre à l’auberge. D’où l’adjectif errant.

Par conséquent, un chevalier errant a besoin d’un emploi. Certains s’adressent aux passants, leur proposant de devenir leurs gardes du corps quand ceux-ci s’apprêtent à passer un pont. Toutefois, comme dans ce cas, le chevalier errant est le seul danger présent, la plupart des gens considèrent ce genre d’agissement comme de l’extorsion ou du banditisme, et d’autres chevaliers sont susceptibles d’intervenir pour laver cette tache faite à leur honneur. Certains autres chevaliers errants cherchent à reprendre l’héritage qui leur revient de droit à ceux qui l’ont usurpé. Ce genre d’incident est souvent taxé de pillage, du moins tant que le chevalier en question n’a pas repris ses droits, provoquant généralement des représailles.

L’emploi auquel les chevaliers errants peuvent généralement prétendre, c’est celui d’épée à louer auprès d’un noble qui a besoin de quelques hommes supplémentaire. Dès que le chevalier n’est plus utile, il est renvoyé. Cette fin de contrat abrupte est ce qui le distingue d’un mercenaire, lequel dispose d’une certaine sécurité de l’emploi. Par conséquent, la plupart des chevaliers errants passent beaucoup de temps à errer.

Bien que le statut de chevalier errant ne soit pas très reluisant, son cas est loin d’être désespéré. S’il a du talent, de la vertu et une bonne dose de chance, il peut devenir épée lige, chevalier fieffé voir tenter sa chance dans une compagnie de mercenaire.